Littérature

Types de recit

Il est possible de distinguer plusieurs types de récits en fonction de la forme, du fond... bien que les frontières entre ces différentes catégories peuvent être parfois perméables. Une épopée historique pourra par exemple être narrée comme un conte pour enfant ou chantée sous forme de comptine et vice versa.

L'oraliture polynésienne et plus globalement océanienne est aussi l'art (certains diront la stratégie) de l'adaptation permanente non seulement aux circonstances d'énonciation mais également à son auditoire ou son interlocuteur, selon sa classe d'âge, son statut coutumier ou social, son origine... d'où l'importance pour leur interprétation (linguistique, littéraire, anthropologique ou historique...), surtout dans le cas de publications anciennes de connaître avec exactitude et lorsque c'est possible, le narrateur original et le contexte dans lequel ils furent recueillis... Voici un exemple de typologie de ces récits par classes d'âge des destinataires

  • Contes et légendes pour enfants

  • Appelés "'a'ai/'a'amu" en tahitien1 ou "tua" en maori des îles Cook, ces récits avaient une fonction avant tout éducative, s'apparentant à une "leçon de chose" : respecter un aîné ou comment un frère aîné a toujours besoin de son cadet, apprendre le nom des plantes, des animaux, savoir tresser, pêcher, planter le taro... (ex : "Le rat et le poulpe" 2; "légende de l'arbre à pain" ...) Ces contes étaient narrés aux enfants par les parents proches, le plus souvent la mère. Les "'ūtē" pour adolescents3

  • Les "'ūtē" sont des chants improvisés aux paroles plus ou moins facétieuses, exécutés au cours des "bringues" locales. (voir lien externe)

    Epopées historiques et récits généalogiques pour initiés

  • Ceux-ci étaient généralement l'affaire de spécialistes, appelés selon les îles 'orero (Tahiti), tumu korero (îles Cook), Rongorongo (île de Pâques), 'Ono'ono (îles Marquises). Fonction exclusivement masculine, ils étaient formés dans des écoles spécialisées ("'are korero" "fare vana'a"...) dès leur plus jeune âge.

    Ces récits pouvaient prendre plusieurs formes, chantés, psalmodiés ou plus simplement récités en fonction de telle ou telle cérémonie (investiture d'un nouvel ariki ou mataiapo, deuil, naissance, mariage…). Ils s'accompagnaient d'une gestuelle particulière agrémentes parfois d'objets rituels. "Les orateurs ou récitateurs maori ajoutaient une certaine emphase à leur discours ou à leurs récitations par le jeu d'une massue finement gravée qu'ils tenaient à la main. Les généalogistes se servaient d'un bâton garni de coches représentant les ancêtres (…)Les prêtres de Tahiti et des Tuamotu symbolisaient les poèmes liturgiques par un bâton ou par un objet en paille tressée qu'ils déposaient sur l'autel chaque fois qu'ils avaient terminé leur récitation. (…) Les bardes (onoono) des Marquises associaient leurs poèmes liturgiques à des objets qui bien que d'aspects fort différent, étaient du même ordre que les autres : c'étaient de petites poches de fibre de coco tressées d'où se détachaient des cordelettes à nœud." 4

    Quelques exemples des cycles narratifs les plus connus

    Rangi et Papa ou Ātea (Wākea, Vātea) et Papa

  • Maui

  • Tangaroa, Kanaloa, Ta'aroa

1 Littéralement donner à manger. Le terme 'anglai existe également en maori des îles Cook, avec le sens d'adopter un enfant (fa'a amu en tahitien)

2 Différentes versions de ce récit se retrouvent dans tout le Pacifique (Polynésie,Mélanésie, Micronésie)

3 Le terme est identique dans toute la Polynésie française et aux îles Cook (ailleurs???)

4 Alfred Métraux, L'île de Pâques, Gallimard, NRF, 1941 p. 315-316